La pauvreté : traiter les causes ou panser ?

Publié le par georgoharisso57

La nouveauté du discours de François Fillon est qu'il adopte un ton résolument optimiste, tourné vers l’action. Il fait le pari qu’il est possible d’engager une dynamique économique suffisamment puissante pour recréer de nouvelles opportunités, notamment pour les plus défavorisés.

Ce discours, qui a dû être porté par quelques leaders dans les dernières années, est en décalage total avec les politiques qui ont réellement été mises en œuvre depuis des décennies en France. Notre pays a fait le choix du malthusianisme déprimé : comme nous avons considéré, en pleine dépression, qu’il n’était plus possible de croître, nous avons privilégié des stratégies de redistribution. Pour que tout le monde ait un peu du gâteau, nous avons fait en sorte soit de couper des parts plus petites (par l’impôt) soit de limiter le nombre de convives (limiter l’immigration économique, instaurer des pré-retraites, etc.). Pire, comme nous nous sommes convaincu qu’il n’y avait plus suffisamment d’ingrédient, on a interdit à qui que ce soit de faire grandir sa propre part, considérant que cela ne pouvait se faire qu’au détriment des autres. Cette logique de redistribution est dépressive et défaitiste.

Ce que propose François Fillon c’est de se retrousser les manches pour faire grandir le gâteau. Ce qu’il dit, implicitement, c’est que si nous produisons collectivement plus, nécessairement ceux qui sont les plus défavorisés seront mieux lotis. Kennedy disait que « la marée fait monter tous les bateaux » : si la croissance arrive, chacun pourra monter et verra son sort s’améliorer.

Nicolas Goetzmann : La nouveauté, dans le débat qui se profile dans le cadre de la campagne présidentielle, est de vouloir lutter contre la pauvreté en affrontant ses causes, plutôt que de vouloir exclusivement traiter ses conséquences au travers d'aides sociales. Si François Fillon évoque le chômage comme "la première cause" de la "grande pauvreté", il n'est pas inutile d'évoquer également les problèmes posés par le précariat, les contrats à temps partiel, le niveau des salaires, le prix des logements ou encore la structure des ménages. En dévoilant cet ensemble de causes, il apparaît que la lutte contre la pauvreté doit être menée sur plusieurs fronts pour pouvoir être efficace. Ainsi, s'il est essentiel de mettre en place un dispositif permettant de lutter contre les causes de la pauvreté, celle-ci ne devrait pas se faire en opposition au modèle social du pays.

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