Pourquoi le paysan victime d’un assaillant radicalisé est-il oublié des médias ?

Publié le par georgoharisso57

Pourquoi le paysan victime d’un assaillant radicalisé est-il oublié des médias ?

Deux faits similaires, dans les deux cas avec des assaillants radicalisés. L’enquête qui suit l’attaque des Champs-Elysées est médiatisé
Mais que penser de l’autre attentat terroriste, quasi simultané donc, perpétré dans le Lot-et-Garonne ? De l’agriculteur invité à arrêter sa moissonneuse par une ou deux personnes (cette enquête-là est beaucoup moins médiatisée, certaines questions n’ont pas de réponses), et qui reçoit un coup de couteau par un assaillant criant « Allah Akbar » ? Avec derrière l’arrestation d’une personne assignée à résidence pour « apologie du djihadisme » ? (un article de WikiAgri décrit les faits).

Cette attaque a certes été évoquée, mais principalement au niveau de la presse locale (nous sommes près d’Agen, donc Sud-Ouest et La Dépêche), à peine au niveau national (quelques informations dans Le Parisien notamment). Et surtout, plus rien les jours suivants.

Question, pourquoi cette différence de traitement ? S’il semble évident que les Champs-Elysées – avec toute la foule qui y circule sans cesse et qui peut donc se sentir concernée – doivent passer avant, le champ agricole a quasiment été occulté. Alors qu’il signifie tout de même que la radicalisation concerne désormais chacun, où que l’on soit, quelle que soit son activité...

Ces derniers temps, plusieurs faits concernant des agriculteurs n’ont eu que de très faibles reprises au niveau des médias nationaux. Et du coup, un sentiment d’abandon commence à monter dans les campagnes.

L’« affaire » de l’agriculteur abattu par des gendarmes près de Mâcon le 20 mai dernier est peut-être imputable au comportement de Jérôme Laronze, qui aurait tout de même choisi de foncer vers les uniformes au volant de sa voiture... Mais les informations manquent sur l’enquête, et de fait, le doute s’installe. Ce mardi 20 juin, un mois après, deux rassemblements d’agriculteurs (à Mâcon et à Charroux dans la Vienne) étaient organisés en mémoire du disparu. Ils étaient 400 d’un côté, une cinquantaine de l’autre, ils sont « restés calmes »... Il n’empêche, il existe des foyers propres à des soulèvements, à des jacqueries (je vous renvoie à cet article qui date d’il y a un an, mais toujours d’actualité ). Pour beaucoup de ses confrères, Jérôme Laronze a été abattu parce qu’il était agriculteur, alors qu’une « autre solution » aurait pu être trouvée. Cette interprétation des faits est impossible à vérifier en l’état, mais aussi à contredire. Et une chose est sûre : elle ne serait sûrement pas venue à l’esprit de quiconque s’il n’y avait un contexte général de défiance ressentie par les agriculteurs vis-à-vis de la société. 

Et l’une des causes à ce sentiment grandissant d’injustice tient dans l’indifférence reprochée aux médias nationaux. L’attentat perpétré dans le Lot-et-Garonne a même été rapporté comme étant une « altercation » entre l’agriculteur et son agresseur dans un entrefilet d’un média national, là où les grands titres s’attardent sur le « terrorisme » perçu aux Champs-Elysées.

« Altercation » dans les campagnes, « terrorisme » dans la capitale, la sémantique est cruelle... Une différence de traitement qui génère aussi des conséquences politiques (d’élection en élection, l’électorat agricole, pour sa majorité, mute de la droite républicaine vers le FN), et qui est donc à l’origine de révoltes (un cas isolé pour l’instant avec Jérôme Laronze, mais demain ?).

Depuis les « rat des villes » et « rat des champs » de Jean de la Fontaine, n’a-t-on pas évolué et réussi à rapprocher les deux ?

 

Source : Atlantico

 


 


 

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