Il existe, entre la Pologne et la Lituanie, un petit bout de Russie niché au cœur même de l'Europe, une enclave stratégique pour Moscou aux frontières de l'Otan et bordant la Baltique: l'enclave de Kaliningrad.
Par un geste dont la signification n'échappera à personne, Moscou a semble-t-il décidé de faire de cette «île russe en Europe» un nouvel avant-poste de ses menaces –ou menaces de ripostes– envers ses rivaux de l'ouest.
Comme le relate The Drive, le Kremlin a ainsi décidé d'envoyer à Kaliningrad des Mig-31, les redoutables et redoutés «Foxhound» pour l'Otan, armés de l'un des missiles les plus récents et avancés du pays, le Kinzhal ou Kinjal (la «dague»), projectile hypersonique air-sol et capable de porter, au besoin, une tête nucléaire.
Selon The Drive ainsi que Carl Bildt, qui co-préside l'European Council on Foreign Relations (ECFR), un think tank allemand, ce sont la moitié des missiles Kinzhal produits jusqu'ici par la Russie et des Mig-21 capables de les lancer qui ont ainsi été basés dans l'enclave russe.
Adapté du SS-26 Iskander, le Kh-47M2 Kinzhal est l'une des six nouvelles armes stratégiques vantées par Vladimir Poutine lors de leur présentation au monde en 2018. Sa portée est estimée à plus de 2.400 kilomètres et, selon le président russe lui-même, il est capable de voler «à une vitesse hypersonique, dix fois plus rapidement que le son». Il peut en outre manœuvrer en vol, donc être difficile à intercepter, et peut viser des cibles à terre comme des navires de guerre.
En clair: la Russie avance certains de ses pions les plus importants vers l'ouest. Ce faisant, elle signale à ses rivaux qu'elle se prépare à toute éventualité en cas de conflit autour de l'Ukraine, et répond du tac au tac au renforcement des troupes de l'Otan dans la zone, notamment par les États-Unis ou le Royaume-Uni.